Plusieurs journalistes ont fait mon portrait

En voici quelques uns qui vous permettront de mieux me connaître ainsi que mon état d’esprit

Le magazine Carnets Comtois a réalisé un portrait de moi. Je vous le livre tel que, vous pourrez ainsi mieux me connaître :

« Pour la beauté des courbes et du son

Dans son atelier à Besançon, le luthier Maurice Beaufort passe le plus clair de son temps à restaurer des instruments. Lorsqu’il était enfant, une de ses maîtresses d’école a su éveiller son intérêt pour la musique classique, puis une émission de télé a provoqué le déclic.

Tout n’est pas mauvais à la télé. « Un jour, en 1984, j’ai vu une émission qui parlait de lutherie. J’étais passionné de musique et je savais que je voulais travailler le bois ». Deux ans plus tard, Maurice Beaufort intègre l’école de lutherie à Mirecourt.

Il n’a pas oublié ce qu’il doit à l’une de ses institutrices : « Ma famille n’était pas très aisée et lorsque j’étais enfant, je n’avais pas écouté beaucoup de musique classique, mais une de mes maîtresses à l’école primaire me l’a fait découvrir, elle nous passait des disques et nous parlait aussi un peu des compositeurs ». Cet univers le touche au cœur.

Après sa formation à Mirecourt, il exerce dans différents ateliers pour apprendre la restauration en France, mais également en Hollande où il a la chance d’intégrer un atelier de haute restauration.

« Un instrument peut ne pas être parfait, mais sa beauté saute tout de même aux yeux ».

En Hollande, il a l’occasion de prendre en main des pièces d’exception : « Un instrument est beau par ses courbes et par de petits détails de lutherie très raffinés. Il peut ne pas être parfait, mais sa beauté saute tout de même aux yeux ».

Il y a aussi, bien sûr, la beauté intérieure. « En sonorité, on peut vraiment rencontrer quelque chose de particulier ».

En 2000, il arrive à Besançon pour travailler avec Philippe Bodart et s’installe à son compte 5 ans plus tard. « J’avais exercé une vingtaine d’années et vu différentes manières de travailler avant de m’installer ». Son atelier passe de la Grande Rue à la rue Rivotte et se retrouve ainsi tout près du conservatoire. « Le fait d’être à côté est plus pratique pour tout le monde. Nous en sommes à notre deuxième contrat avec le conservatoire pour l’entretien des instruments et nous avons aussi notre propre parc de location ».

Un beau métier

Entouré de violons, d’altos et de violoncelles, Maurice Beaufort passe l’essentiel de son temps à la réparation. Bien sûr, il aimerait se consacrer aussi plus souvent à la création : « C’était mon idée au départ, mais pour fabriquer, il faut se faire connaître, gagner des médailles, se déplacer et cela prend du temps », précise-t-il. Or, ils ne sont que deux à l’atelier et les instruments sont là qui attendent d’être restaurés. La clientèle dépasse les frontières de la Franche-Comté.

Installé sous un halo de lumière, il ponce aujourd’hui inlassablement le manche d’un violon arraché accidentellement. « C’est un beau métier la restauration. Dans ce domaine, il est impossible de travailler en autodidacte. Il faut respecter un protocole comme dans la restauration de tableaux. On garde tout ce qui peut être gardé et on touche le moins possible au vernis d’origine ».

« La musicienne était drôlement émue, car son violon avait retrouvé son intégrité »

Parfois les instruments lui arrivent bien mal-en-point, comme ce violon jeté à terre par une musicienne en colère après un désaccord avec le chef d’orchestre. Les faits se sont produits alors qu’il travaillait dans un précédent atelier. Maurice Beaufort a réparé toutes ses fractures et comme il a pu intervenir rapidement, le violon ne présente pas de cicatrices. « La musicienne était drôlement émue, car son violon avait retrouvé son intégrité. Ce qui est chouette, c’est de l’entendre sonner juste après les réparations et de voir que sa sonorité n’est pas altérée ». C’est qu’on s’attache à ces beaux objets.

Horizon bouché

Maurice Beaufort veut cependant mettre en garde les jeunes et leur famille : aujourd’hui, il est très difficile de trouver du travail dans ce secteur d’activité. Ce qui fait tourner les ateliers, ce sont les ventes d’instruments, or en période de difficultés économiques, les ventes diminuent et les achats sur Internet n’arrangent rien.

« Des jeunes sortent de formation alors qu’il n’y a pas de besoin sur le terrain », déplore Maurice Beaufort.  Lui qui est aussi vice-président du groupement des luthiers et archetiers d’art de France signale qu’un prochain congrès portera sur ce sujet. « Je regrette moi-même sincèrement de ne plus pouvoir aider ces jeunes comme je l’ai toujours fait en souvenir de mes débuts dans le métier ». Mais heureusement, si ce secteur d’activité n’offre plus aujourd’hui de débouchés, les jeunes pourront toujours aimer et pratiquer la musique ou la découvrir qui sait, avec un enseignant passionné ?

Article du magazine « Vu du Doubs », pour voir l’aticle complet cliquez sur l’image :

« Maurice Beaufort,
Luthier contre vents et marées

C’est le travail du bois qui l’a attiré vers la lutherie. L’artisan d’art de la rue Rivotte a travaillé dans des ateliers à Paris, Montpellier et en Hollande avant de s’installer à Besançon.

Sous le plafond à la française de son ate­lier de la rue Rivotte, à Besançon, sont accrochés les instruments du quatuor qu’il fabrique ou répare : violons, altos et violoncelles, de différentes nuances de bois, du doré à l’acajou, plus ou moins patinés, plus ou moins anciens. Plus imposantes, quelques contrebasses sont posées au sol. L’endroit sent le bois, la colle et le vernis, et au mur se côtoient, de part et d’autre de l’établi du luthier, toute une gamme d’archets – qu’il fabrique, restaure ou remèche – et de nombreux outils : noisettes, compas d’épaisseur, lousses, étriers, vis à tabler…

Vingt ans de compagnonnage

Le métier est ancestral « mais on continue d’évoluer dans l’outillage et les techniques de restauration, explique Maurice Beaufort. On fabrique aussi nos propres outils. Moi, par exemple, j’aime bien quand le chevalet est très léger, je le fais juste en épicéa et je le rabote et le coupe au canif. Alors j’ai fait mon propre canif avec la lame et la marche qui me conviennent ».

Maurice Beaufort a grandi dans une famille nombreuse, à Drancy, et voulait travailler le bois. Tenté par l’école Boulle mais aussi par l’école de lutherie de Mirecourt, il a été reçu aux deux et a choisi la seconde. Mirecourt, dans les Vosges, est la principale école de lutherie française. Aujourd’hui on y est admis à partir du bac mais lui y était entré à 16 ans pour y préparer son brevet de technicien en trois ans. L’enseignement s’accompagne de la pratique de l’instrument. C’est ainsi qu’il s’était mis au violon – il préfère peindre aujourd’hui, mais le plus grand de ses trois enfants a pris le relais et apprend le violoncelle. Ensuite, il a entamé une sorte de compagnonnage d’une vingtaine d’années, dans différents ateliers, de Paris à Besançon en passant par Montpellier et la Hollande, où il a appris la haute restauration.

Fabrication d’instruments neufs, restauration, expertise…, à chaque luthier sa spécialité. « Moi, c’est plutôt la restauration, mais je fais aussi un peu de neuf. Mon rêve serait d’ailleurs de ne faire que ça. ». Chaque luthier a aussi sa méthode, forgée à partir de toutes celles qu’on lui a enseignées. Le luthier est à l’écoute des musiciens et pour les beaux violons qui en valent la peine, la restauration peut aller très loin : il faut parfois rajouter du bois neuf – le moins possible –, reprendre les bosses, repousser le bois avec du sable chaud, et parfois recommencer… »